
Choisir un décocheur, c’est adopter une philosophie de tir, pas seulement un équipement. La clé est de trouver l’interface biomécanique qui prolonge parfaitement votre intention.
- Le décocheur à index offre sécurité et simplicité, idéal pour débuter ou pour la chasse.
 - Le décocheur à pouce favorise un ancrage ultra-répétable, un atout majeur en compétition.
 - La technique du back-tension, indépendante de l’outil, est la voie royale pour éliminer l’anticipation (target panic) et atteindre une décoche surprise.
 
Recommandation : Avant d’investir, analysez votre propre technique et vos points de blocage. L’outil doit servir votre progression, et non la dicter.
Le bruit sec de la corde, le sifflement fugace de la flèche, puis ce silence suspendu avant l’impact satisfaisant en plein centre. Chaque archer vit pour cette sensation de contrôle absolu, où le corps et l’équipement ne font qu’un. Pourtant, un grain de sable peut gripper cette mécanique de précision : la décoche. Pour l’archer à poulies, et même pour certains archers en arc classique, le passage de la décoche manuelle à une aide mécanique est souvent le pas décisif vers la constance. En France, où la passion du tir à l’arc grandit, comme en témoignent les plus de 77 256 licenciés recensés par la FFTA pour la saison 2024, cette question est centrale.
Face à la myriade de modèles – à index, à pouce, à rotation, à charnière – l’archer se sent souvent comme un néophyte devant un étal d’horloger. Les guides traditionnels se contentent de cataloguer les types, opposant schématiquement le décocheur pour chasseur à celui du compétiteur. Mais si la véritable question n’était pas « quel décocheur acheter ? », mais plutôt « quelle philosophie de tir je veux adopter ? ». Si la clé résidait dans la compréhension intime de cette interface biomécanique, ce point de contact crucial où votre volonté se transforme en énergie cinétique.
Cet article n’est pas un catalogue. C’est une immersion dans la micro-mécanique et la proprioception du tir à l’arc. En tant qu’horloger de la décoche, nous allons disséquer ensemble ce qui se joue en une fraction de seconde. Nous explorerons les mécanismes internes, les techniques de tir qui leur sont associées comme le fameux back-tension, et les réglages qui transforment un simple gadget en un véritable partenaire de précision. L’objectif : que vous ne choisissiez plus un objet, mais que vous adoptiez consciemment l’extension mécanique qui libérera enfin tout votre potentiel.
Pour ceux qui préfèrent un format condensé, cette vidéo résume l’essentiel des points à considérer pour bien choisir son décocheur. Une excellente introduction visuelle pour comprendre les grandes familles d’aides à la décoche.
Pour vous guider dans cette exploration technique et stratégique, nous allons suivre un parcours logique. Chaque étape est conçue pour construire votre compréhension, de la mécanique pure à l’intégration dans votre pratique quotidienne.
Sommaire : Le guide complet pour choisir le décocheur qui sublimera votre tir
- Le mécanisme secret de votre décocheur : ce qui se passe en une milliseconde et qui change tout
 - Le « back tension » : la technique ultime pour ne plus jamais anticiper vos tirs
 - Décocheur au poignet ou à la main : quelle prise pour quelle technique de tir ?
 - Comment mal régler votre décocheur peut le transformer en piège
 - Comment dompter votre nouveau décocheur avant même de tirer votre première flèche
 - Décocheur à index ou à pouce ? Le choix qui va révolutionner votre précision
 - Arrêtez de tirer avec vos bras : la technique pour activer les muscles de votre dos
 - La précision au bout des doigts : les accessoires de tir qui transforment votre technique
 
Le mécanisme secret de votre décocheur : ce qui se passe en une milliseconde et qui change tout
Un décocheur n’est pas un simple interrupteur. C’est un mécanisme d’horlogerie conçu pour libérer une énergie considérable avec une régularité parfaite. Au cœur de cet outil se trouve le « sear », une petite pièce qui retient le crochet ou la mâchoire sous tension. L’action sur la gâchette (pression, rotation ou traction) ne fait que provoquer un micro-déplacement de ce sear, libérant le mécanisme. La qualité de la décoche dépend entièrement de la propreté de cette rupture. Un mécanisme de haute qualité offre une course de gâchette (le « travel ») minimale et un point de rupture net et prévisible, sans « gratter ».
Comme le souligne la Fédération Française de Tir à l’Arc dans son guide, cette connaissance est fondamentale :
Sans entrer dans la technique pure, l’utilisation d’un décocheur nécessite une connaissance basique de sa mécanique et de sa façon de l’utiliser. En effet, certains mécanismes diffèrent d’un modèle à un autre : pression, relachement, à index, rotation… etc.
– Fédération Française de Tir à l’Arc, Guide des accessoires de base FFTA
Le matériau du corps du décocheur joue aussi un rôle subtil mais crucial dans la philosophie de tir. Un décocheur lourd, en laiton ou en acier, offre plus d’inertie. Cette masse aide à stabiliser la main et favorise une traction continue, ce qui est idéal pour les techniques basées sur la tension dorsale. À l’inverse, un modèle léger en aluminium offre moins de feedback tactile mais peut sembler plus agile. Le choix n’est pas anodin, il conditionne les sensations proprioceptives de l’archer.
Cette analyse comparative des matériaux, issue d’un contexte industriel mais parfaitement applicable à l’archerie, met en lumière ces différences de densité et de propriétés qui influencent le ressenti de l’outil en main.
| Caractéristique | Laiton | Aluminium | Acier | 
|---|---|---|---|
| Densité (g/cm³) | 8.4 – 8.7 | 2.7 | 7.8 – 8.0 | 
| Résistance à la corrosion | Modéré à élevé | Haute | Faible à modéré | 
| Limite d’élasticité (MPa) | 170 – 450 | 40 – 550 | 215 – 230 | 
| Résistance à la traction (MPa) | 300 – 600 | 70 – 700 | 400 – 550 | 
| Dureté (Brinell HB) | 60 – 140 | 15 – 120 | 120 – 600 | 
En fin de compte, la sensation de netteté au déclenchement est ce qui construit la confiance. Un mécanisme fluide et prévisible permet à l’esprit de se concentrer sur la visée et la posture, plutôt que sur l’appréhension du départ du coup.
Le « back tension » : la technique ultime pour ne plus jamais anticiper vos tirs
La « target panic », ou la peur de la cible, est le démon de l’archer. Elle se manifeste par une incapacité à maintenir le viseur stable sur le jaune, un besoin compulsif de déclencher (« puncher » la gâchette) ou, à l’inverse, un gel total. La solution la plus efficace contre ce mal n’est pas mentale, mais biomécanique : le back tension. Cette technique consiste à opérer un transfert de charge des muscles du bras vers les puissants muscles du dos (rhomboïdes, trapèzes). La décoche n’est plus un acte volontaire du doigt, mais la conséquence d’une augmentation continue de la tension dorsale.
L’archer français et champion du monde PJ Deloche le définit parfaitement : le back tension est une « traction dynamique vers l’arrière par le coude, l’épaule, le dos, soit la partie dynamique de l’archer, sans jamais quitter la ligne de tir ». Le déclenchement devient alors une surprise. En se concentrant sur le mouvement de traction et non sur l’acte de presser la gâchette, l’archer court-circuite le processus mental qui mène à l’anticipation. Les décocheurs spécifiques « back tension » (à charnière ou à rotation) sont conçus pour cela, mais la technique peut s’appliquer avec presque n’importe quel décocheur à main.
L’avantage principal est de supprimer la pression de la décision. En confiant le déclenchement à l’augmentation de la tension dorsale, l’esprit est libéré. Il peut se consacrer entièrement à la visée et au maintien de la posture, sachant que la flèche partira au moment optimal, lorsque l’alignement et la tension seront parfaits. C’est une véritable reprogrammation de la séquence de déclenchement. En France, de nombreux entraîneurs fédéraux, formés via les comités régionaux de la FFTA, peuvent initier les archers à ces techniques avancées directement en club.
Votre feuille de route pour intégrer le back tension
- Pratique à sec : Chez vous, avec un simple élastique, entraînez-vous 10 minutes par jour à la traction dorsale pour sentir le mouvement sans la contrainte de l’arc.
 - Tirs sur paille : À 5 mètres, tirez sans viser. Votre seul objectif est de déclencher par la traction du dos, en vous concentrant sur la sensation dans vos omoplates.
 - Augmentation progressive : Passez à 10, puis 15 mètres, en maintenant le focus exclusif sur la mécanique de traction. Le résultat en cible n’a aucune importance à ce stade.
 - Intégration de la visée : Une fois le mouvement automatique, réintégrez la visée, mais gardez 80% de votre attention sur le dos. Le viseur flotte, la traction continue.
 - Mise en situation : Testez la technique en conditions réelles (parcours, 3D, compétition) pour l’adapter aux contraintes de temps et de posture.
 
Adopter le back tension est un investissement à long terme. C’est passer d’un tir « fabriqué » avec les bras à un tir « construit » avec le corps tout entier, la seule voie vers une précision durable et sereine.
Décocheur au poignet ou à la main : quelle prise pour quelle technique de tir ?
Le choix entre un décocheur qui s’attache au poignet (généralement à index) et un modèle tenu en main (à pouce ou back tension) est la première grande décision à laquelle l’archer est confronté. Ce n’est pas qu’une question de préférence, mais un choix qui oriente fondamentalement la technique d’ancrage et la distribution des forces. Le décocheur à sangle au poignet répartit la force de traction sur une plus grande surface, ce qui peut être plus confortable pour les longues séances ou pour les archers ayant une forte allonge.
L’illustration ci-dessous montre clairement la différence de prise en main et de posture de la main entre ces deux grandes familles.

Comme le souligne un guide d’Erhart Sports, le modèle à index est souvent la porte d’entrée pour de nombreux archers : « Le décocheur qui se sangle au poignet et qu’on déclenche avec l’index est le plus répandu pour les archers débutants. » La raison principale est double : la sangle offre une sécurité psychologique (impossible de le faire tomber) et les modèles d’entrée de gamme sont souvent plus accessibles financièrement qu’un décocheur à pouce de qualité.
Le décocheur tenu en main, quant à lui, favorise un point d’ancrage proprioceptif plus constant et solide. La main vient se caler de manière répétable contre la mâchoire, créant un contact os contre os qui est un repère de grande fiabilité. C’est pourquoi il est plébiscité en tir de précision. Le choix dépend donc aussi de la discipline pratiquée, comme l’illustre parfaitement la chasse.
Étude de cas : Le choix du décocheur pour la chasse du brocard en France
En France, la chasse d’été du chevreuil (brocard), qui se pratique à l’approche ou à l’affût du 1er juin à l’ouverture générale, impose des contraintes spécifiques. Dans ce contexte, le décocheur à index avec bracelet est souvent privilégié. La sangle permet de garder le décocheur attaché au poignet, prêt à l’emploi même après de longues heures d’attente ou de marche, et sécurise la prise avec des gants. À l’inverse, pour des tirs de précision sur cible comme le tir Beursault, une discipline typiquement française, le décocheur à pouce permet une répétabilité d’ancrage supérieure, essentielle pour gratter des points.
Finalement, il n’y a pas de « meilleure » solution universelle. La prise idéale est celle qui permet d’établir le point d’ancrage le plus solide et le plus reproductible, tout en facilitant l’activation des muscles du dos.
Comment mal régler votre décocheur peut le transformer en piège
Un décocheur est un outil de précision, mais un mauvais réglage peut le transformer en source d’erreurs, voire de danger. Le réglage le plus critique est celui de la sensibilité de la gâchette. Un décocheur réglé « cheveu » (hair trigger), qui se déclenche à la moindre pression, est la recette parfaite pour l’anticipation et les décoches involontaires. À l’inverse, une gâchette trop dure force l’archer à « forcer » le tir, détruisant l’alignement et la concentration. Le réglage idéal est une course quasi nulle avec un point de rupture franc, qui ne se déclenche que sous une pression intentionnelle mais modérée.
Au-delà du confort, un mauvais réglage ou un manque d’entretien engage la responsabilité de l’archer. En France, la licence de la FFTA inclut une assurance en responsabilité civile. En cas d’accident causé par une décoche involontaire due à un matériel défectueux ou manifestement mal entretenu, la négligence de l’archer pourrait être engagée. Il est donc impératif de considérer son décocheur comme une pièce mécanique nécessitant une inspection régulière.
La maintenance ne se limite pas au mécanisme. Le D-Loop, cette petite boucle de cordelette sur laquelle s’accroche le décocheur, est un consommable critique. Un D-Loop usé ou effiloché peut rompre à pleine traction, provoquant un tir à sec potentiellement destructeur pour l’arc et dangereux pour l’archer. Il doit être inspecté avant chaque séance de tir et remplacé au moindre signe de faiblesse. De même, la sangle d’un décocheur de poignet doit être vérifiée : un fermoir usé peut céder au pire moment.
Voici les points de contrôle essentiels à vérifier régulièrement sur votre matériel :
- Jeu dans le mécanisme : Les pièces mobiles (gâchette, crochet) ne doivent pas avoir de jeu excessif.
 - État du crochet (sear) : La surface de contact doit être parfaitement lisse, sans aucune entaille ou usure visible.
 - Propreté : Nettoyez régulièrement la poussière et les débris, surtout après une sortie en conditions humides.
 - Test de sensibilité : Assurez-vous que la gâchette répond comme attendu, sans déclenchement prématuré.
 - Intégrité de la sangle : Vérifiez les coutures et le système de fermeture du bracelet.
 - Usure du D-Loop : Inspectez l’effilochage et la bonne tenue des nœuds sur la corde principale.
 
Considérer son décocheur non pas comme un accessoire acquis, mais comme une pièce mécanique vivante est un changement de mentalité essentiel. C’est l’attitude de l’horloger, qui sait que la performance durable naît de l’attention portée aux détails.
Comment dompter votre nouveau décocheur avant même de tirer votre première flèche
L’arrivée d’un nouveau décocheur est excitante, mais la tentation de l’essayer immédiatement en conditions réelles est un piège. Changer de décocheur, c’est comme changer de partenaire de danse : il faut un temps d’adaptation pour trouver le rythme et la synchronisation. La première étape est de l’apprivoiser « à sec », sans la pression du tir. Manipulez-le, sentez son poids, sa forme, la course de sa gâchette. Répétez le geste de déclenchement des dizaines de fois pour que votre main et votre cerveau enregistrent la sensation.
L’un des défis majeurs, comme le partagent de nombreux archers sur les forums, est de retrouver un contact facial parfait. Un nouveau décocheur, surtout s’il est d’un type différent (passage d’index à pouce par exemple), modifie la géométrie de votre main à l’ancrage. Comme le témoigne un archer expérimenté :
Après avoir changé de décocheur, l’important est d’ajuster le contact facial et l’allonge. Le principal est d’adapter la longueur du D-Loop pour améliorer son contact facial et son allonge. Si les modules des cames ajustent par pas de 1.2cm, il faut recalibrer progressivement pour retrouver la précision.
– Archer, Archeryonline.net
Un protocole de transition progressif est la clé pour une intégration réussie. Avant de vous soucier du groupement en cible, l’unique objectif est de rendre le nouveau geste automatique et confortable. Voici un programme simple à suivre :
- Jour 1-2 : Manipulation à la maison, 15 minutes par jour, sans arc. Concentrez-vous uniquement sur le mécanisme et la sensation dans votre main.
 - Jour 3-5 : Tirs à sec avec l’arc (sans flèche et sans bander), pour intégrer le décocheur dans votre séquence de tir complète.
 - Jour 6-10 : Tirs à 5 mètres sur une paille. Ne visez pas. L’objectif est de retrouver un ancrage confortable et de déclencher proprement.
 - Jour 11-15 : Augmentez la distance à 10, puis 15 mètres. Maintenez la concentration sur la technique, pas sur le résultat.
 - Semaine 3 et + : Intégrez le nouveau décocheur dans vos entraînements normaux, une fois la confiance et les automatismes établis.
 
Enfin, pour ceux qui cherchent la perle rare sans se ruiner, le marché de l’occasion en France est très actif. Des forums spécialisés comme Archasse ou les groupes Facebook dédiés regorgent de bonnes affaires. Le conseil des habitués est de toujours « lister les points de contrôle cruciaux (jeu dans le mécanisme, usure du crochet, état de la sangle) » avant tout achat pour éviter les mauvaises surprises.
Prendre ce temps, c’est s’assurer que le nouvel outil devienne une véritable extension de soi-même, et non une source de frustration et de doute.
Décocheur à index ou à pouce ? Le choix qui va révolutionner votre précision
C’est le débat fondateur dans le monde de l’arc à poulies. Le décocheur à index, sanglé au poignet, est souvent perçu comme plus intuitif. Le mouvement pour déclencher est similaire à celui du tir avec une arme à feu, ce qui le rend facile à appréhender. Sa sangle de sécurité est un atout indéniable, notamment pour la chasse où le risque de le faire tomber en pleine action est réel. Il est également plus indulgent avec des vêtements épais autour du cou, qui peuvent parfois gêner l’ancrage d’un décocheur à pouce.
Le décocheur à pouce, de son côté, est l’outil de prédilection des compétiteurs en quête de la précision ultime. Comme le souligne le guide de la boutique spécialisée Hattila, son principal avantage est qu’il « facilite un point d’ancrage plus solide et répétable sous la mâchoire, un avantage décisif pour la précision à longue distance lors des compétitions Fédérales ou des tirs de chasse en montagne. » La prise en main complète offre une plus grande surface de contact avec le visage et permet d’utiliser la structure osseuse de la mâchoire comme un repère infaillible. Cette régularité de l’ancrage est la pierre angulaire de la constance à 50 ou 70 mètres.
Le choix entre les deux dépend donc largement des priorités de l’archer. Pour faciliter la décision, voici un tableau comparatif basé sur les critères les plus importants, inspiré par les analyses de spécialistes français comme Erhart Sports.
| Caractéristique | Décocheur Index | Décocheur Pouce | 
|---|---|---|
| Prix | Accessible (entrée de gamme bonne qualité) | Plus coûteux (haut de gamme technique) | 
| Sécurité | Sangle de poignet sécurise | Risque de perte si rangé en poche | 
| Ergonomie | Bracelet répartit la force | Grand choix d’ergonomie personnalisée | 
| Utilisation | Idéal pour chasse, débutants | Privilégié pour tir de précision, compétition | 
| Ancrage | Facile, même avec col/tour de cou | Ancrage très répétable sans vêtement épais | 
| Fiabilité | Fiable et simple | Très technique, haut rendement | 
Plutôt que d’opposer les deux, il faut les voir comme deux outils répondant à des philosophies différentes. L’un privilégie la sécurité et la simplicité, l’autre la répétabilité et la performance pure. Le meilleur choix est celui qui correspond à votre discipline et à votre quête personnelle de précision.
Arrêtez de tirer avec vos bras : la technique pour activer les muscles de votre dos
L’erreur la plus commune chez l’archer, même expérimenté, est de « tirer avec les bras ». Cela signifie utiliser les muscles des épaules et des biceps pour armer l’arc et viser. Cette approche est non seulement une source d’inconstance, car ces petits muscles fatiguent vite, mais elle est aussi une voie directe vers les blessures chroniques. Une réalité confirmée par les ostéopathes qui estiment qu’entre 45 et 50 % des pathologies des archers sont localisées au niveau de l’épaule, notamment les tendinites de la coiffe des rotateurs.
La solution est un transfert de tension vers la chaîne musculaire la plus puissante et la plus stable du haut du corps : le dos. Les muscles rhomboïdes et trapèzes, situés entre les omoplates, sont conçus pour la traction et l’endurance. Activer son dos, c’est utiliser ces « moteurs » pour tenir l’allonge et continuer la traction (le fameux back tension). Le bras et la main ne deviennent alors qu’un système de transmission, un simple crochet reliant la corde à votre dos.
Cette image met en évidence les groupes musculaires qui doivent être engagés pour un tir puissant, stable et sécurisé.

Pour apprendre à sentir cette activation, il existe des exercices simples et efficaces. La clé n’est pas la force brute, mais la conscience corporelle (proprioception). Il faut rééduquer son corps à initier le mouvement depuis le dos. Voici quelques exercices recommandés par des spécialistes du sport pour les archers :
- La ficelle de surprise : Scotchez un bout de ficelle entre vos omoplates. Lors de la traction, vous devez sentir la ficelle se tendre, signe que vos omoplates se rapprochent.
 - Rotations externes avec élastique : Tenez un élastique à deux mains, coudes à 90° collés au corps. Écartez les mains en gardant les coudes fixes. Cet exercice cible les rotateurs externes de l’épaule, essentiels à sa stabilité.
 - Face Pull : Avec un élastique fixé en hauteur, tirez-le vers votre visage en écartant les coudes. C’est l’un des meilleurs exercices pour renforcer l’arrière de l’épaule et le haut du dos.
 - Rowing assis : À la machine ou avec un élastique, effectuez des tractions horizontales en vous concentrant sur la sensation de « pincement » entre les omoplates à la fin du mouvement.
 
En déplaçant l’effort de vos bras vers votre dos, vous ne gagnerez pas seulement en précision et en endurance. Vous protégerez votre corps, vous assurant de pouvoir profiter de votre passion pendant de longues années, sans douleur.
À retenir
- Le choix d’un décocheur est une décision philosophique : il définit la manière dont vous interagissez avec votre arc, privilégiant soit la sécurité (index), soit la répétabilité absolue (pouce).
 - La maîtrise du « back tension » est la compétence clé pour vaincre l’anticipation (« target panic »). Elle transforme la décoche d’un acte de doigt en une conséquence de la traction dorsale.
 - Un décocheur n’est pas un outil isolé. Sa performance dépend d’un système complet incluant un D-Loop bien réglé, un point d’ancrage constant et une activation correcte des muscles du dos.
 
La précision au bout des doigts : les accessoires de tir qui transforment votre technique
Nous avons disséqué les mécanismes, exploré les techniques et comparé les philosophies. Il est désormais clair que le décocheur n’est pas une pièce magique, mais le maillon central d’une chaîne de précision complexe. Sa véritable efficacité ne se révèle que lorsqu’il est parfaitement intégré dans un système cohérent, où chaque accessoire est en harmonie avec les autres. L’élément le plus directement lié au décocheur est sans conteste le D-Loop.
Comme l’explique simplement un instructeur, le D-Loop est « essentiel dans la pratique du tir à l’arc à poulies car on attrape la corde directement avec le décrocheur. » Cette petite boucle de cordelette est l’unique interface entre la puissance de l’arc et le mécanisme de votre décocheur. Une longueur de D-Loop mal ajustée, même de quelques millimètres, peut induire une pression inégale sur l’encoche de la flèche, créant une sortie de corde imparfaite et une perte de précision immédiate. De plus, cela modifie votre point d’ancrage et l’alignement de votre œil avec le viseur « peep-sight », créant une réaction en chaîne.
L’étude de cette interdépendance est cruciale. En compétition FFTA de tir en salle à 18m, où chaque millimètre compte, un archer qui change de décocheur doit impérativement passer par une phase de réglage fin de son D-Loop et de son peep-sight pour retrouver ses marques. Cela démontre que la performance est systémique : l’optimisation d’un seul composant ne suffit pas si les autres ne sont pas réalignés en conséquence.
Pour l’archer passionné qui souhaite maîtriser chaque aspect de son matériel, fabriquer et régler son propre D-Loop est une compétence précieuse. Cela permet non seulement de faire des économies, mais surtout d’acquérir une compréhension intime de l’interaction entre la corde, la boucle et le décocheur. Le processus requiert du matériel spécifique (corde BCY #24, pince à D-Loop, briquet) et une méthode précise pour nouer, serrer et brûler la cordelette afin d’obtenir une boucle solide et de la bonne longueur, qui ne s’allongera pas sous la contrainte.
En définitive, la quête de la décoche parfaite est un voyage. Elle commence par la compréhension de la mécanique, se poursuit par le choix d’une philosophie de tir et culmine dans la maîtrise d’un système où votre corps et votre matériel ne font plus qu’un. Avant de consulter les catalogues, prenez le temps d’analyser votre propre séquence de tir. L’aide mécanique parfaite n’est pas la plus chère, mais celle qui deviendra une extension naturelle de votre dos.
Questions fréquentes sur le choix et l’utilisation d’un décocheur
Qu’est-ce que le back tension exactement ?
Le back tension est une technique de tir qui implique une traction progressive et continue des muscles du dos plutôt qu’une simple pression du doigt sur une gâchette. Cette méthode vise à obtenir une décoche par surprise, lorsque l’augmentation de la tension dorsale atteint le point de rupture du mécanisme, éliminant ainsi l’anticipation du tir (target panic).
Comment le back tension aide-t-il à combattre la target panic ?
La target panic est la peur de viser ou de déclencher. Les décocheurs de type back-tension, souvent dépourvus de gâchette traditionnelle, obligent l’archer à se concentrer sur le processus de traction dorsale pour déclencher le tir. Le lâcher devient une surprise, ce qui court-circuite la pression mentale liée à la décision de « quand » tirer et permet de rompre le cycle de l’anticipation.
Qui est responsable en cas d’accident avec un matériel mal réglé en France ?
En France, la licence de la Fédération Française de Tir à l’Arc (FFTA) inclut une assurance responsabilité civile obligatoire. Cependant, si un accident est causé par un matériel défectueux ou un réglage notoirement dangereux (comme une gâchette « cheveu »), la négligence de l’archer dans l’entretien de son matériel peut être prouvée et engager sa responsabilité personnelle.