
En résumé :
- Régler la puissance d’un arc à poulies n’est pas juste tourner une vis ; c’est un étalonnage qui affecte tout le système (viseur, synchronisation, allonge).
 - La puissance affichée en livres (#) est une référence, mais la puissance réelle que vous tirez dépend directement de votre allonge personnelle.
 - Tirer avec un arc trop puissant est la principale cause de stagnation technique, de développement de mauvais réflexes et de blessures.
 - Une augmentation de puissance doit être progressive, accompagnée d’un renforcement physique spécifique et d’un réajustement complet du matériel.
 
Votre arc à poulies sort de sa boîte, réglé sur une puissance standard. Vous tirez, les flèches partent, mais ressentez-vous cette symbiose parfaite entre le matériel et votre corps ? Beaucoup d’archers, par méconnaissance ou par crainte, conservent ces réglages d’usine toute leur vie. Ils s’adaptent à la machine, alors que la machine devrait s’adapter à eux. Ils voient la puissance comme un chiffre fixe, un objectif à atteindre, souvent le plus élevé possible. On pense qu’il suffit de « tourner les vis des branches » pour gagner en performance.
Cette approche est une erreur fondamentale. Un arc à poulies moderne n’est pas un simple lance-projectile ; c’est un système dynamique de haute précision, comparable au châssis d’une voiture de course. Chaque réglage, notamment celui de la puissance, provoque une cascade d’effets sur la géométrie de l’arc, sa synchronisation et, in fine, sur votre propre biomécanique de tir. L’idée reçue selon laquelle « plus c’est puissant, mieux c’est » a ruiné plus de techniques qu’elle n’a amélioré de scores.
Et si la véritable clé de la performance n’était pas la force brute, mais l’optimisation de l’équilibre ? Cet article adopte une perspective de mécanicien : nous n’allons pas simplement vous montrer où visser, mais vous expliquer l’impact de chaque tour de clé. Nous verrons comment ajuster la puissance comme un acte de tuning stratégique, pourquoi ce chiffre en livres est relatif, et comment construire un programme de montée en puissance qui sert votre progression au lieu de la saboter. L’objectif est de transformer votre arc d’un outil standard en une extension parfaitement calibrée de votre corps.
Pour ceux qui préfèrent une démonstration visuelle des ajustements fondamentaux, la vidéo suivante détaille les étapes techniques du réglage du center shot et du test papier, des diagnostics essentiels après toute modification de puissance.
Pour naviguer efficacement à travers les différentes facettes de cet étalonnage de précision, ce guide est structuré en plusieurs étapes clés. Chaque section aborde un aspect critique du réglage de la puissance, des manipulations de base aux concepts avancés qui feront de vous un archer plus averti et plus performant.
Sommaire : Le manuel d’optimisation de la puissance pour votre arc
- Comment régler la puissance de votre arc à poulies vous-même (et sans le casser)
 - Vous avez changé la puissance ? Voici comment re-régler votre viseur pour ne pas tout rater
 - Votre arc est-il vraiment aussi puissant que vous le pensez ? La vérité sur les livres (#)
 - L’erreur du débutant : pourquoi tirer trop puissant va ruiner votre technique
 - Le programme pour augmenter votre puissance de tir, étape par étape et sans vous blesser
 - Le guide pour régler l’allonge et la puissance de votre arc à poulies, même si vous êtes débutant
 - Comment calculer la puissance exacte que vous tirez avec votre arc recurve
 - La puissance de votre arc : ce que les chiffres veulent vraiment dire
 
Comment régler la puissance de votre arc à poulies vous-même (et sans le casser)
L’ajustement de la puissance d’un arc à poulies s’effectue principalement en agissant sur les vis de fixation des branches (les « limb bolts »). Serrer ces vis comprime les branches et augmente la puissance ; les desserrer la diminue. Cependant, cette opération, si elle semble simple, est régie par des règles strictes pour ne pas endommager le matériel ou causer un accident. Chaque fabricant définit une plage de réglage sécuritaire, généralement indiquée par un nombre maximum de tours de vis à ne pas dépasser depuis la position « serrée à fond ». Dépasser cette limite peut entraîner une sortie des vis de leur logement et une décompression explosive et extrêmement dangereuse de l’arc.
Avant même de toucher à une clé, la préparation est essentielle. C’est un acte technique qui exige méthode et rigueur. Les guides officiels, comme ceux de la FFTA, expliquent que la modification de la puissance ne se limite pas aux vis des branches. Selon les modèles d’arcs, un ajustement fin peut aussi se faire en vrillant les câbles (pour augmenter la puissance) ou la corde (pour la diminuer), des opérations qui requièrent une presse à arc. L’archer doit savoir que chaque intervention a des conséquences : modifier la puissance via les vis change le band de l’arc et peut désynchroniser les cames, ce qui impose des contrôles ultérieurs.
Enfin, la dimension du risque ne doit pas être négligée. En France, la licence FFTA inclut une assurance de base qui couvre les dommages involontaires. Cependant, une mauvaise manipulation flagrante pourrait être exclue. Il est donc crucial de procéder avec méthode et de ne jamais opérer sur un matériel sans en connaître les spécificités. La sécurité prime sur tout.
Votre plan d’action sécurité avant tout réglage de puissance
- Outillage et accès : Assurez-vous de posséder une presse à arc adaptée et les clés Allen (impériales ou métriques) correspondant à votre modèle.
 - Spécifications du fabricant : Localisez et notez la plage de réglage autorisée gravée sur les branches ou indiquée dans le manuel de votre arc.
 - Conditions de travail : Opérez dans un espace stable et dégagé, en ayant toujours un moyen de maîtrise de flèche (cible) à portée pour les tirs de contrôle.
 - Audit de garantie : Vérifiez que votre garantie constructeur (Hoyt, Mathews, Bowtech…) n’est pas annulée par une intervention non professionnelle.
 - Couverture d’assurance : Confirmez que votre assurance (licence FFTA ou complémentaire) couvre bien les accidents potentiels liés au réglage personnel du matériel.
 
Vous avez changé la puissance ? Voici comment re-régler votre viseur pour ne pas tout rater
Vous venez d’ajuster la puissance de votre arc. Vous vous sentez plus à l’aise, ou au contraire, vous avez ajouté quelques livres pour gagner en vitesse. Vous vous placez sur le pas de tir, visez comme d’habitude et… votre flèche atterrit bien au-dessus ou en dessous de votre point de mire. C’est normal. C’est la première manifestation de la cascade d’effets : vous avez modifié la signature balistique de votre arc. Une puissance plus élevée signifie une vitesse de sortie de flèche supérieure, donc une trajectoire plus tendue. Une puissance plus faible a l’effet inverse.
L’ampleur de ce changement n’est pas anecdotique. Des études de terrain et des modèles balistiques montrent que pour une baisse de puissance de 5 livres, le point d’impact se déplace généralement de 5 à 10 centimètres vers le haut à une distance de 20 mètres. Ignorer ce paramètre, c’est la garantie de rater la cible. Vous devez donc impérativement reprendre vos réglages de viseur. Il n’y a pas de formule magique ; il faut retourner sur le pas de tir et refaire vos marques de distance une par une, en commençant par votre distance de référence (souvent 20 ou 30 mètres).
Mais l’impact ne s’arrête pas au réglage vertical. Le changement de puissance, surtout s’il est effectué en desserrant les vis des branches, peut subtilement affecter la synchronisation des cames. Une désynchronisation, même minime, engendre un départ de flèche moins propre, pouvant causer des écarts latéraux. Il est donc crucial de vérifier que vos cames arrivent à leur « mur » (fin de cycle de traction) parfaitement en même temps. Un test papier ou un tir « nu » (sans empennage) vous révélera rapidement si votre réglage de puissance a induit un problème de sortie de flèche qui nécessitera un ajustement du repose-flèche ou un passage à la presse pour resynchroniser les cames.

Cette vérification visuelle de la synchronisation des cames à pleine allonge est une étape de contrôle indispensable. Des repères d’alignement sur les poulies et les branches, spécifiques à chaque marque, servent de guide pour cet étalonnage fin. C’est un point de contrôle digne d’un stand de Formule 1 avant une course : sans une mécanique parfaitement synchronisée, la puissance est inutile.
Votre arc est-il vraiment aussi puissant que vous le pensez ? La vérité sur les livres (#)
Le chiffre gravé sur les branches de votre arc, par exemple « 60 lbs » (livres), est un indicateur, pas une vérité absolue. C’est la puissance nominale, mesurée à une allonge standard définie par l’Archery Trade Association (ATA), qui est de 28 pouces. Or, très peu d’archers ont une allonge de précisément 28 pouces. La puissance que vous déployez réellement à votre pleine allonge peut être significativement différente. Si votre allonge est inférieure à 28″, vous tirerez moins puissant que le chiffre affiché. Si elle est supérieure, vous tirerez plus puissant.
Cette variation n’est pas un détail. La différence est d’environ 2 à 3 livres par pouce d’allonge. Un archer avec une allonge de 27″ utilisant un arc de 60# ne tire en réalité qu’environ 58#. À l’inverse, un archer à 30″ d’allonge avec le même arc développe près de 64-65#. Connaître sa puissance réelle est crucial, non seulement pour le choix des flèches (le spine doit être adapté), mais aussi pour le respect des réglementations, notamment à la chasse. Par exemple, si vous pensez tirer 50# mais que votre allonge de 26″ vous place à 46#, vous pourriez être en deçà des recommandations pour certains gibiers.
En France, il n’y a pas de limite légale maximale pour la chasse à l’arc, mais une éthique et des recommandations fortes existent. Hattila Archerie précise qu’une puissance d’au moins 50 livres est recommandée pour le chevreuil. Plus précisément, c’est l’énergie cinétique qui compte. En France, les réglementations recommandent une puissance minimale de 81 joules (environ 60 ft/lb) pour assurer une létalité rapide sur le chevreuil. Atteindre cette énergie dépend du triptyque puissance réelle, poids de la flèche et efficacité de l’arc.
Le tableau suivant, basé sur des données compilées pour les archers français, illustre clairement la relation entre la puissance affichée et la puissance réelle développée en fonction de l’allonge.
| Puissance affichée @ 28″ | Allonge 27″ | Allonge 27,5″ | Allonge 28″ (référence) | Allonge 28,5″ | Allonge 29″ | 
|---|---|---|---|---|---|
| 40 livres | 38-39 # | 39-40 # | 40 # | 41-42 # | 42-43 # | 
| 50 livres | 48-49 # | 49-50 # | 50 # | 51-52 # | 52-53 # | 
| 60 livres | 58-59 # | 59-60 # | 60 # | 61-62 # | 62-63 # | 
L’erreur du débutant : pourquoi tirer trop puissant va ruiner votre technique
Dans le monde du tir à l’arc, une idée reçue tenace veut que plus de puissance égale plus de performance. C’est une erreur fondamentale qui freine la progression de nombreux archers, débutants comme confirmés. Utiliser un arc dont la puissance excède ses capacités physiques est le chemin le plus court vers la stagnation. Le corps, pour compenser le manque de force, va développer une série de réflexes parasites : un armement précipité, des tremblements à pleine allonge, une incapacité à tenir la visée, et surtout, une décoche anticipée (le « punch ») pour se libérer de la tension. La répétabilité de la séquence de tir, qui est le socle de la précision, devient impossible.
Les fédérations et les archeries spécialisées sont unanimes sur ce point. Pour un adulte débutant, on recommande généralement une puissance de 20-25 livres. Ce n’est pas une puissance « faible », c’est une puissance « intelligente ». Elle permet à l’archer de se concentrer sur l’apprentissage des fondamentaux : la posture, l’alignement, la respiration, et la fluidité du geste, sans être en lutte constante contre son propre matériel. L’objectif premier n’est pas de percer une cible, mais de construire une fondation technique solide. Une fois cette base acquise, la montée en puissance devient une évolution naturelle et non un combat.
Ignorer ce principe n’est pas seulement contre-productif, c’est aussi dangereux. Le surmenage chronique des muscles et tendons impliqués dans le tir est une cause fréquente de blessures. Les pathologies de l’épaule, comme les tendinites de la coiffe des rotateurs, et les douleurs au coude (épicondylite) sont des diagnostics courants chez les archers « sur-armés ». Ces blessures, qui résultent d’une fatigue excessive des muscles stabilisateurs, peuvent vous éloigner des pas de tir pendant des semaines, voire des mois, anéantissant toute progression. Le corps envoie des signaux clairs : crampes, contractures, douleurs post-entraînement. Les ignorer au nom de la puissance est un très mauvais calcul à long terme.
Le programme pour augmenter votre puissance de tir, étape par étape et sans vous blesser
Augmenter la puissance de son arc n’est pas une finalité, mais une conséquence d’une progression physique et technique structurée. Vouloir passer de 45# à 60# en un mois est irréaliste et dangereux. La clé est la progressivité. L’approche doit être celle d’un athlète : un entraînement ciblé et des cycles de progression maîtrisés. Le but n’est pas seulement de pouvoir armer l’arc, mais de le faire des dizaines de fois par séance avec une technique parfaite et sans fatigue excessive.
Une montée en puissance saine se fait par paliers. Une règle empirique efficace est d’augmenter la puissance de 2 livres tous les 10 à 15 jours, à condition que la technique reste propre et que la fatigue ne s’installe pas. Chaque augmentation doit être validée par plusieurs séances de tir. Si vous constatez l’apparition de tremblements ou une dégradation de votre groupement, c’est le signal qu’il faut redescendre d’un cran et consolider vos acquis. L’écoute de son corps est primordiale.
Cette progression doit être soutenue par une préparation physique spécifique. Les exercices de renforcement musculaire en dehors du pas de tir sont un pilier de la performance. Les cadres techniques de la FFTA s’inspirent de programmes comme le SPT (Specific Physical Training) pour développer l’endurance et la force des athlètes. De plus, les exercices à l’élastique sont particulièrement recommandés. La FFTA estime que deux séances hebdomadaires peuvent réduire les déséquilibres musculaires et diminuer le risque de blessures de manière significative. Enfin, n’oubliez pas l’alimentation et l’hydratation, qui sont le carburant de vos muscles. Maintenir une énergie constante est essentiel pour supporter des charges de travail croissantes.
Étude de Cas : Le programme SPT des Pôles Espoir français
La méthode de Préparation Physique Spécifique (SPT), développée pour les archers de haut niveau en France, fournit un cadre d’excellence. Elle se concentre sur le renforcement des groupes musculaires clés en position de tir. Le programme inclut des exercices comme des levées de poids pour les pectoraux et triceps, des accroupissements pour la stabilité du bas du corps, et des exercices de gainage pour les abdominaux et le dos. Un cycle de progression typique inspiré de cette méthode consiste à augmenter la puissance de l’arc de 2 livres, puis à effectuer plusieurs séances à cette nouvelle puissance jusqu’à ce que la fatigue ne soit plus un facteur limitant, avant d’envisager le palier suivant. Les phases de récupération sont considérées comme aussi importantes que les phases d’effort.
Le guide pour régler l’allonge et la puissance de votre arc à poulies, même si vous êtes débutant
Pour un archer débutant, l’enthousiasme de l’achat d’un premier arc à poulies peut vite laisser place à la confusion. Face à la multitude de réglages possibles, deux paramètres sont absolument fondamentaux et interdépendants : l’allonge et la puissance. L’allonge n’est pas simplement la longueur de votre bras ; c’est la distance entre le creux de l’encoche de la flèche et le point le plus bas du grip de l’arc lorsque vous êtes à pleine traction, avec une posture correcte. Un réglage d’allonge incorrect est la source de 80% des problèmes techniques chez les débutants.
Une allonge trop courte vous forcera à vous « pencher » dans l’arc, créant des tensions parasites dans les épaules. Une allonge trop longue vous fera vous étirer excessivement, rendant l’ancrage instable et la visée flottante. Avant même de penser à la puissance, il est impératif que votre allonge soit parfaitement réglée à votre morphologie. La plupart des arcs à poulies modernes permettent d’ajuster l’allonge par modules rotatifs sur les cames, souvent par incréments de 1/2 pouce. Ce réglage initial est si crucial que le faire seul sans expérience est une erreur.

Comme le souligne la Fédération Française de Tir à l’Arc, le choix du lieu pour ce premier réglage est stratégique. Un encadrement par un expert garantit que l’arc sera une extension de votre corps, et non une contrainte.
Il est absolument recommandé de faire régler l’allonge et la puissance initiale en archerie spécialisée plutôt que chez un revendeur généraliste, afin de ne pas prendre de mauvaises habitudes dès le départ.
– Fédération Française de Tir à l’Arc, Bien Choisir son Premier Arc Classique de Compétition
Une fois l’allonge validée par un entraîneur ou un technicien en archerie, la question de la puissance peut être abordée. Pour un débutant, la règle est simple : choisir une puissance confortable qui permet de se concentrer sur la technique. C’est à partir de cette base saine que vous pourrez envisager, plus tard, une montée en puissance progressive, en suivant les principes d’un entraînement structuré.
Comment calculer la puissance exacte que vous tirez avec votre arc recurve
Bien que cet article se concentre sur l’arc à poulies, comprendre le calcul de la puissance sur un arc classique (recurve) offre un éclairage fondamental sur ce concept. Contrairement à l’arc à poulies et son pic de puissance suivi d’un let-off, la courbe de force d’un arc classique est linéaire : plus on tire, plus c’est dur. La puissance indiquée sur les branches (ex: 30# @ 28″) est, comme pour les poulies, une référence à une allonge standard de 28 pouces.
Le calcul pour déterminer la puissance réelle à votre allonge est donc direct. La règle standard AMO (Archery Manufacturers and Merchants Organization) est simple : pour chaque pouce de différence par rapport à l’allonge de référence de 28″, on ajoute ou on soustrait environ 2 livres à la puissance marquée. Par exemple, avec des branches marquées 30# @ 28″, un archer avec une allonge de 29″ tirera environ 32#. Un archer avec une allonge de 26″ tirera seulement 26#.
Pour être encore plus précis, il faut d’abord mesurer son allonge AMO. Comme l’explique le fabricant français UUKHA, spécialiste des branches haute performance, une méthode consiste à mesurer la distance du creux de l’encoche au « berger button » (le point de pivot de la flèche) à pleine allonge, puis à appliquer une formule de conversion. Par exemple, pour une mesure de 74,5 cm, le calcul est : `(74,5 cm / 2,54) + 1,75″ = 31,08″` d’allonge AMO. Cet archer ajoutera donc environ (31-28) * 2 = 6 livres à la puissance nominale de ses branches.
Pour les archers qui n’ont pas accès à un peson (dynamomètre), une méthode de « mécanicien » existe pour mesurer la puissance. Elle consiste à suspendre l’arc verticalement, à y accrocher la corde à un jerrican vide, et à le remplir progressivement d’eau jusqu’à atteindre sa pleine allonge. En pesant la quantité d’eau (1 litre ≈ 1 kg), on obtient une mesure très fiable de la force de traction maximale. C’est une excellente façon de vérifier la puissance réelle de son arc sans équipement coûteux.
À retenir
- La puissance n’est pas un but, mais un outil au service de votre technique et de votre discipline (cible, chasse).
 - Toute modification de puissance impose un audit complet de votre matériel : synchronisation des cames, réglage du viseur et potentiellement, du spine de vos flèches.
 - La progression en puissance doit être lente, contrôlée et toujours conditionnée par le maintien d’une technique de tir irréprochable pour éviter blessures et stagnation.
 
La puissance de votre arc : ce que les chiffres veulent vraiment dire
Au-delà des calculs et des réglages techniques, que signifie réellement le chiffre de la puissance ? C’est avant tout un indicateur de l’énergie que l’arc est capable de transmettre à la flèche. Cette énergie cinétique est le facteur déterminant pour la performance, que ce soit pour tendre la trajectoire en tir sur cible ou pour assurer une efficacité létale à la chasse. Les chiffres ne sont pas interchangeables : la puissance requise pour le tir FITA à 70 mètres n’est pas la même que pour la chasse au sanglier.
En compétition, les puissances utilisées sont souvent plus modérées qu’on ne l’imagine. En France, au niveau régional, les puissances utilisées par les compétiteurs français montrent que la moyenne se situe autour de 40 livres pour les hommes et 36 pour les femmes en arc classique. Les athlètes de niveau mondial peuvent atteindre 48-55 livres, mais c’est le résultat d’années de préparation physique. Pour l’arc à poulies, les puissances sont généralement plus élevées grâce au let-off, mais le principe reste le même : on choisit la puissance maximale que l’on peut contrôler parfaitement pendant toute la durée d’une compétition.
Dans le domaine de la chasse à l’arc, la puissance est directement liée à une responsabilité éthique. Il ne s’agit pas de « toucher » l’animal, mais de garantir une flèche traversante et une mort rapide. L’Association Nationale des Chasseurs à l’Arc (ANCA) fournit des recommandations précises qui lient le gibier, la puissance, le poids de la flèche et l’énergie cinétique résultante.
Le tableau suivant, basé sur les recommandations de l’ANCA pour la chasse en France, est un guide essentiel pour tout chasseur à l’arc soucieux de l’éthique et de l’efficacité.
| Gibier | Puissance minimale recommandée | Poids flèche (grains) | Énergie cinétique (joules) | Conformité éthique | 
|---|---|---|---|---|
| Chevreuil | 45-50 livres | 400-450 | 81-100 | Haute pénétration, mort rapide | 
| Sanglier (30-50 kg) | 55-60 livres | 450-500 | 110-140 | Très bonne pénétration | 
| Cerf (60+ kg) | 60-65 livres | 500-550 | 140-170 | Excellente pénétration | 
| Petit gibier | 30-35 livres | 300-350 | 40-60 | Compétence recommandée | 
En définitive, la puissance de votre arc n’est pas une mesure de votre force, mais un reflet de votre maîtrise technique. La maîtriser, c’est comprendre que le réglage optimal n’est pas le plus élevé, mais celui qui crée une harmonie parfaite entre votre corps et votre matériel. L’étape suivante consiste à évaluer objectivement votre niveau et à définir un plan de progression réaliste, si nécessaire avec l’aide d’un entraîneur qualifié.